Avec les proverbes, les maux pour le rire ...

 

Un grand nombre de dictons et proverbes est en relation avec la maladie, les médecins et les médicaments. Certains sont connus de tous et sont entrés dans le langage commun. D’autres sont un peu plus ignorés, tel celui-ci de Brillat-Savarin :

« être démuni comme un apothicaire sans sucre ».

En ce temps-là le sucre était précieux et vendu en pharmacie. Il servait à de nombreuses préparations.

 

La santé, ce bien si précieux:

 

- Celui qui a la santé est riche.

- C’est une belle baronnie que santé (adage français du XVI° siècle)

- Qui a la santé a tout. Qui n’a pas la santé n’a rien.

- Deux bras et la santé font le pauvre aisé

- De fortune et de santé, ll ne faut jamais se vanter (Proverbe savoyard qui traduit une  superstition exprimant la méfiance et la peur).

- Plus le corps est faible plus il commande; plus il est fort, plus il obéit.

- Loin de cité, loin de santé. (Cet adage du XVII° siècle peut sembler curieux.

A l’époque, le mot cité signifie l’ensemble des citoyens. Ainsi la solidarité sociale est un facteur de santé).

- Mal sur mal n’est pas santé (Vibraye, 1934). Ce proverbe est plus connu sous la forme : On ne guérit pas le mal par un autre mal.

- Qui demande au malade s’il veut la santé (La Véprie, 1495).

 

De bons mots pour les maux

 

- Les maladies viennent à cheval et s’en retournent à pied. Ce proverbe qui existe aussi en suédois signifie que si le mal survient rapidement, la guérison, elle, est beaucoup plus longue.

- Tout paraît jaune à qui a la jaunisse. (Adage de 1856 selon lequel celui qui souffre d’une affection ne considère que son propre cas).

- Le rhumatisant a un almanach dans sa tête.

- Au mal de la goutte, le mire (médecin) n’y voit goutte (Quitard, 1842)

- Goutte tracassée est à demi pansée. Selon La Fontaine, l’exercice est bon pour la goutte. Dicton tiré de la fable « La goutte et l’araignée ».

- A oeil ou nez malade, ne touche que du coude. (Proverbe tiré de l’anthologie du XVII° siècle, selon lequel mieux vaut ne pas du tout y toucher).

- Douleur de tête veut manger,

- Douleur de ventre veut purger. (Ce dicton médical illustre les fonctions d’ingestion et d’excrétion et des thérapeutiques).

- Jamais teigneux n’aima le peigne (Meurier, 1568).

 

Les remèdes efficaces ?

 

- « Pardon » ne guérit pas la bosse (Proverbe guadeloupéen).

- Il vaut  mieux prévenir que guérir (Panckoucke, 1749).

- Aux grands maux, les grands remèdes (1835).

- A vieux corps, point de remède (Proverbe de la région du Bourbonnais).

- Contre la mort, point de remède (Adage français du XVI° siècle).

- Dieu qui donne la plaie donne le remède (Proverbe régional). Sa variante en Martiniquais : Dieu  donne la gale, mais il donne aussi des ongles pour la gratter.

- La guérison n’est jamais si prompte que la blessure (1856).

- Selon le bras, fais la saignée (Baïf, 1597), signifiant qu’il  faut adapter le traitement selon le malade.

- Où il n’y a pas de mal il ne faut point d’emplâtre (Le Roux, 1752).

 

Mais le plus efficace est sûrement :

- Passe-moi la Rhubarbe, je te passerai le Séné.

Ces deux drogues végétales, aux principes actifs voisins étant les deux purgatifs les plus connus et utilisés pouvaient se remplacer mutuellement dans la thérapeutique du Grand Siècle.

Version plus académique de « se renvoyer l’ascenseur ».

 

Un herbier médical et ses préparations

 

Absinthe :

Le jus d’absinthe est fort amer,

Mais il guérit du mal de mer.

 

Rien que toucher à l’absinthe,

fait avorter les femmes enceintes.

 

Ail :

Ail et oignon font du poison.

 

Céleri :

Le céleri rend les forces aux vieux maris.

 

Si les femmes savaient ce que le céleri vaut aux hommes,

Elles en iraient chercher jusqu’à Rome.

 

Cerises :

Si toute l’année, il y avait des cerises,

Messieurs les médecins n’iraient plus qu’en chemise.

 

Fève :

Quand les fèves sont en fleurs,

Les fols sont en vigueur.

 

Plusieurs autres proverbes traitent des effets de la saison des fèves sur les pathologies psychiatriques :

 

Quand les fèves sont fleuries,

Sots commencent leurs folies (Rabelais).

 

Fève fleurie,

Temps de folie.

 

Fraîcheur de mai,

Fèves fleuries,

Temps de folies,

Du pain dans la maie. (1)

 

Fèves et haricots

Font plus de pets que de rots.

 

Ortie :

Si tu as de l’insomnie,

Prends un bouillon d’ortie.

 

Poire :

Après la poire,

Le prêtre ou le boire.

 

Poire bouillie

Sauve la vie.

(La poire a durant longtemps été considérée comme particulièrement indigeste).

 

Poireau :

Femme stérile

Mangeant poireau,

Son ventre gros

Devient fertile.

 

Pois :

Sitôt que les pois sont levés,

Les fols commencent à monter.

(Ce dicton s’assimile à ceux de la saison des fèves).

 

Salade :

Salade bouillie,

Rallonge la vie.

 

Sauge :

Qui a de la sauge dans son jardin

N’a pas besoin de médecin.

 

Sauge et lavande, je te dis,

Guérissent toutes les maladies.

 

Valériane :

Valériane et pimprenelle

Guérissent la maladie la plus rebelle.

 

Véronique :

L’herbe de la véronique

Au médecin fait la nique.

 

Les médecins pris en grippe?

 

- Mieux vaut condamnation de médecin que de juge. (Le jugement du praticien étant souvent mis en cause).

 

- Trompez le médecin le malade reste (Guadeloupe).

 

- Hippocrate dit oui et Galien non (Adage français du XVI° siècle, pour désigner les désaccords existants fréquemment entre les médecins).

 

- Si on avait toujours des cerises et des raisins, on pourrait se passer de médecin (Proverbe savoyard).

 

- Il vaut mieux aller au moulin qu’au médecin (Proverbe de la région champenoise).

 

- Il n’est permis de mentir qu’au médecin (Fleury de Bellingen, 1656).

 

- Médecin, guéris toi toi-même (Ce proverbe est déjà cité dans l’Evangile de Saint-Luc).

 

- Les médecins et les maréchaux tuent les gens et les chevaux (La Véprie, 1495).

 

- La faute du médecin, la terre la recouvre (Proverbe auvergnat). Il en existe une autre variante : Médecins et paveurs de rue, la terre recouvre leur faute.

 

- Trop de docteurs, peu de médecins (Si beaucoup se présentent comme savants, rares sont ceux qui possédent l’art de guérir).

 

- De jeune médecin, cimetière bossu (Gruter, 1610). Variante : Les  médecins font les cimetières bossus. (Dans les proverbes français, l’image du cimetière bossu était souvent utilisé pour désigner les conséquences mortelles de certaines actions).

 

- Dieu guérit, le médecin encaisse.

 

- C’est folie de faire de son médecin son héritier (Meurier, 1568).

 

- Après la mort, le médecin (Ou quand celui-ci arrive trop tard, après le décès du patient). Sa variante « culinaire » : Après le dîner, la moutarde.

 

- Un médecin soigne, deux estropient, trois tuent.

 

J.L.D.